Je voulais découvrir le monde,
Voir si la terre est ronde,
Vivre avec les berbères
Comme au temps naguère,
Me rendre utile dans les mondes
Où souvent la guerre gronde.
Me perdre dans le bazar du Caire,
Oublier mon calvaire.
Mais que faire !
Quand il faut se taire
Pour éviter d’être vulgaire…
Et que dire !
Quand il faut partir
Et oublier de revenir…
Mon avenir n’est qu’un mirage,
Et j’ai corné les pages
De mon passé au goût réglisse,
Je ne suis pas hors-service,
Je ne suis pas voie de garage,
J’arrête mon dérapage,
Je n’ai plus besoin de nourrice
Pour partir à Tunis.
Je voyage…
Sans guidage,
La tête remplie d’images
Au milieu des sauvages
Avec qui je partage
Ma vie et d’avantage !
J’ai à faire
Dans l’imaginaire
Pour ces hommes et femmes
qui espèrent un sourire !
Car rien n’est plus pire
Que l’indifférence qui soupire.
Mais que faire !
Quand il faut se taire
Pour éviter d’être vulgaire,
Et que dire !
Quand il faut partir
Et oublier de revenir.
Il voyage
Sans bagages
La tête dans les nuages
Et les pieds sur la plage,
Vers ce lointain rivage
Où plus rien ne l’engage…
Il veut effacer ton visage
En découvrant Carthage,
Il veut oublier tes caresses
Sous le soleil de Grèce,
Il veut remplacer ton image
Par un autre tatouage,
Mais
Comment oublier tes promesses
Quand tu restes sa princesse !
Il a quitté sa forteresse
Sans te laisser d’adresse,
À travers des contrées sauvages
Il recherche les rois mages,
De Fés au canal de Suez
Il découvre la sagesse,
À Assouan, du haut du barrage,
Il t’envoie ce message :
Je voyage
Sans bagages,
La tête dans les nuages
Et les pieds sur la plage,
Vers ce lointain rivage
Où plus rien ne m’engage !